[RP] Quand les enfants veulent faire la fête

(Clora)

Clora courait de maisons en maisons, afin de rameuter tous les enfants de la ville. Elle ouvrait en grand les portes des maisons, sans même prendre le temps de frapper, et hurlait dans les couloirs :

Rassemblement à la cachette secrète ! Réunion de crise !

Et avant de recevoir un coup de balai derrière la tête, elle disparaissait aussi vite que lui permettaient ses courtes jambes.

Avant midi, une foule de petits être emmitouflés dans des bonnets de laine et des écharpes colorées attendait dans une grange à l'abandon, connue seulement des anciens et des enfants. Ils étaient tous impatients de savoir ce qui était si grave, et ce qu'ils pourraient faire. Devait-on se rendre à Tournai, afin de botter les fesses de méchants grands de treize ans qui mordaient les filles et volaient les boutons de culotte des garçons ? Allait-on guerroyer contre l'huile de foie de morue, que les mères s'acharnaient à donner en guise de fortifiants ?

La foule murmurait, en attendant l'intervention de Clora. Aussi s'empressa-t-elle de réclamer le silence.

Les copains ! Z'en avez pas marre de tous ces bals, ces banquets où on n'a pas le droit d'aller ? Z'en avez pas marre de voir les grands s'amuser, alors que nous, les petits, on est obligé d'aller se coucher après les prières ? Moi, z'veux juste qu'on fasse une fête, rien qu'avec des enfants, sans les casse-pieds d'adultes ! Qu'en dites-vous ?

La foule en délire approuva la petite fille. Mais une question brûlait les lèvres de tous : qu'allait-on organiser ? La petite Clora hocha la tête, la mine grave. Une gamine à nattes rousses proposa :

Et si on allait voir la bourgmestre ? Elle a toujours des tas d'idées !

Un garçon répliqua :

Mais on avait dit pas de grandes personnes ! La bourgmestre c'est une grande personne !

Clora intervint :

On peut toujours lui demander son avis. Des fois, les grands ils disent des choses intéressantes. Même si c'est rare. On sait jamais.

Toute la troupe se dirigea donc vers la maison de Kaelle et Seb, la grande maison avec la tête de cochon qui filait des cauchemards aux petites filles.
Après un vote infancratique dont la majorité désigna Clora comme porte-parole, la gamine entra seule dans la boucherie et appela d'une petite voix :

Hou hou ! Il... Il y a quelqu'un ?

(Ladronito)

Le petit gamin des voies rurales avait depuis quelques temps établi sa demeure en Dunkerque. Déjà Il aimait cette ville malgré le froid qui venait.
Il s'y sentait mieux qu'à Bruges où sa mère l'avait abandonné un triste jour de fin d'été.
Ici il y avait bien souvent de l'animation et il pouvait s'y distraire, pour la première fois il trouvait également à travailler et n'avait plus à voler.
Sur le port il trouvait toujours des caisses à porter, des choses à ranger ou attraper, toutes ces choses que les gros doigts des marins ne pouvaient plus faire.
Les marins semblaient l'apprécier et il avait trouvé une remise où dormir au chaud et au sec. Il se demandait chez qui c'était, toujours est-il que personne ne l'avait chassé alors autant en profiter.

Ce matin là il rentrait lassé du port où il avait nettoyé nombre de caisses à la douce odeur quand une voix attira son oreille.

Rassemblement à la cachette secrète ! Réunion de crise !

Une voix d'enfant qui appelait, une cachette, secrète en plus.... une voix gaie, de fille en plus....
Voilà tout ce qu'il fallait pour faire tressaillir le coeur d'un gamin de 8 ans.

Ladronito rejoignit le groupe devant une grange abandonnée qu'il connaissait bien pour y avoir logé à son arrivée dans la ville.
Là il s'inséra pour mieux y voir et entendre.
Malgré ses habits crasseux et sa mauvaise odeur les autres enfants ne le rejettaient pas et lui faisaient une place au sein du groupe.
Il écouta la fille parler, ne répondit pas quand elle appela à la réflexion même si l'envie le démangeait.
Et il suivit le mouvement quand la petite troupe partit en direction de la maison de la mairesse.

Il courait, il était avec d'autres enfants, il buvait la bonne humeur de ses camarades jouant comme des enfants, pour une fois il ne jouait pas un rôle, pour une fois il était lui, un enfant de 8 ans parmi d'autres enfants.

Arrivé devant l'impressionnante maison à tête de cochon il participa à la désignation de la donzelle comme courageuse à aller voir la mairesse.
Hého après tout c'était son idée alors !
Mais tout de même il craignait cette mairesse, une adulte, il souffla à un camarade.

Moi je dis qu'elle devrait s'y méfier ! Paraîtrait que la mairesse là elle fait la gentille, qu'elle invite les enfants à entrer et qu'après crack !

Quoi crack ?

Bé crack ! Paraît qu'elle y fait des choses terribles !

Terribles ?

Terrrrriiibbblllleess !!!

Mais déjà la petite Clora avait disparu dans la boucherie, les gamins lorgnaient tous vers la porte.

(Takkuma)

Un garçon aux cheveux de jais chevauchait une mule. Il avait le port fier, l'air orgueilleux, et ses vêtements luxueux contrastaient avec l'allure modeste des gens qui l'entouraient.

Takkuma avait dix ans, et c'était un grand garçon, très musclé pour son âge. Il s'avançait, la tête haute, vers la maison de ses parents, les Van Hoedezee. Il passa devant une boucherie, devant laquelle une troupe de gamins malodorants avait élue domicile. Il avisa un garçon encore plus sale que les autres, et écartant la foule à l'aide d'un grand bâton qui ne le quittait jamais, il s'approcha de lui, toujours à cheval, et lui demanda :

Hé toi ! Que se passe-t-il ici ? Y a-t-il distributions d'aumône, pour attendre ainsi comme des gueux à la sortie de la messe ?

(Ladronito)

Tandis qu'ils poireautaient la crainte aux lèvres et les guiboles prêtent à décamper les enfants purent ouïr une voix qui s'adressait à eux depuis le haut d'une mule.

Un gamin, sans aucun doute fils de noble ou de grand bourgeois, les narguait du haut de son bestiau.
Pi il s'avançait au milieu d'eux en les écartant à l'aide d'un bâton.

Ladronito marmonnait à son voisin contre ce gamin.

R'garde donc moi ça... un mulot sur une mule.

Malgré son assurance affichée Ladronito ne faisait guère le malin. L'autre était haut perché et paraissait bien mieux bâti que lui.
Du coup il ne cherchait guère son regard et laissait le soin aux autres de prendre la parole pour lui demander de s'en aller au loin.
Mais déjà l'autre lui adressa la parole.

Hé toi ! Que se passe-t-il ici ? Y a-t-il distributions d'aumône, pour attendre ainsi comme des gueux à la sortie de la messe ?

Pfff... on n'tions point à la messe, s'tune boucherie point une église !

Il souriait en coin quand un rapide regard lui fit comprendre qu'il était dans l'erreur et qu'il n'avait guère saisi ce que l'autre lui envoyait.
Réagir vite...

On attends une copine, l'est partie voir l'mairesse pour lui d'mander queque chose.

Queque chose qu'est pour les gueux... pas pour les mulots !

Ladronito
n'avait pu retenir sa voix, ses points s'étaient serrés sans qu'il put
les retenir... Il craignait le bâton du garçon mais il ne comptait pas
baisser sa culotte devant ses nouveaux camarades.

(Takkuma)

Le jeune
garçon regarda le garçon sale d'un air hautain. Seigneur ! Il avait
l'air encore moins dégourdi que les autres ! Quand enfin il réussit à
articuler quelque chose de compréhensible, ce fut pour faire le malin.

Pfff... on n'tions point à la messe, s'tune boucherie point une église !

Takkuma fronça les sourcils et leva légèrement son bâton, prêt à
frapper le gueux mal dégrossi. Mais le pouilleux eut enfin une lueur
d'intelligence et répondit rapidement :

On attends une copine, l'est partie voir l'mairesse pour lui d'mander queque chose.

[i]Peuh ! Ces gamins n'avaient donc rien de mieux à faire ! Le
garçon s'apprêtait à continuer son chemin, quand le sale mioche
l'insulta :

Queque chose qu'est pour les gueux... pas pour les mulots !

Takkuma fronça les sourcils, leva son bâton, puis le baissa.

Tu as raison, cloporte, seuls les
gueux quémandent aux plus puissants qu'eux. Et quand ils reçoivent un
coup de bâton, ils n'ont que ce qu'ils méritent. Mais toi, tu ne
mérites même pas de tâter du mien, même si ce n'est pas l'envie qui me
manque de te botter les fesses.

Takkuma se mit à bâiller, l'air ennuyé.

Même si vous avez tous une éducation
déplorable, certainement due à vos crétins de parents, ce n'est pas à
moi de vous corriger. Il y a des galères pour ça ! Et puis, de toute
manière, ce que vous pouvez quémander m'indiffère, j'ai bien d'autres
choses de plus intéressantes à faire ici. Sur ce, bande de débiles, je
vous souhaite le bonjour.

Puis, le garçon s'éloigna sur sa mule, en direction de ce qu'il croyait être la maison des Van Hoedezee.

Cajoline
sortait de la taverne ou elle avait passé un court instant à discuter
avec Seblebeau…celle-ci s’étant retrouvée seule en taverne, elle
s’était décidée pour une petite balade à la plage, le sourire aux
lèvres …

Chemin faisant elle vit une fillette courir, ouvrir les portes des
maisons et crier avant de repartir aussi vite vers d’autres portes
comme un courant d’air qu’on ne peut arrêter :

Rassemblement à la cachette secrète ! Réunion de crise !

Cajoline souriait les enfants étaient
si vivant…elle ne se souvenait pas avoir été comme cela étant jeune…il
devait se préparer quelque chose…Cajoline se dirigea vers la plage le
sourire aux lèvres se demandant ce que les enfants allaient bien
pouvoir se dire pendant cette réunion de crise….

…

Revenant de la plage, Cajoline vit un attroupement autour de la
boutique de Kaelle…en s’approchant elle remarqua qu’il s’agissait
d’enfants…ha ha se dit-elle voila donc une partie du mystère de
résolu…curieuse et adorant observer la vie autour d’elle, Cajoline se
rapprocha discrètement pour les observer…

Elle arriva au milieu d’un échange assez vifs entre deux garçons,
l’un était à cheval, bien habillé, arborant un air hautain…qu’il devait
tenir de ses parents en essayant de les imiter et de se donner une
importance qu’il était loin d’avoir tout jeune noble ou jeune bourgeois
qu’il devait être…l’autre était plus simple, ses habits n’étaient pas
de premières jeunesses, abimés, rapiécés, on voyait bien qu’il ne
devait pas manger à sa faim tous les jours…mais on sentait en lui une
envie de vivre, d’être aimé et de se sentir apprécier ….

Ces deux là s’envoyaient des réparties à la figure sous le regard
des autres qui n’osaient trop rien dire…Cajoline se retient
d’intervenir quand elle vit le jeune sur sa monture levé le bâton qu’il
tenait à la main…mais au lieu de s’en servir elle l’entendit déclarer :

Tu as raison, cloporte, seuls les gueux
quémandent aux plus puissants qu'eux. Et quand ils reçoivent un coup de
bâton, ils n'ont que ce qu'ils méritent. Mais toi, tu ne mérites même
pas de tâter du mien, même si ce n'est pas l'envie qui me manque de te
botter les fesses.
Même si vous avez tous une éducation déplorable, certainement due à vos
crétins de parents, ce n'est pas à moi de vous corriger. Il y a des
galères pour ça ! Et puis, de toute manière, ce que vous pouvez
quémander m'indiffère, j'ai bien d'autres choses de plus intéressantes
à faire ici. Sur ce, bande de débiles, je vous souhaite le bonjour.

Cajoline secoua la tête, ce jeune
homme n’avait décidément pas reçu une bonne éducation pour dire de
pareilles bêtises…il ne devait pas avoir eu assez de correction celui
là…que sont les plus puissants si personne ne fait pousser le maïs, le
blé, si personne n’élève de bêtes…la réponse est rien, ils meurent de
faim !

Cajoline sourit quand elle entendit plusieurs noms d’oiseaux lancé par les jeunes enfants en direction de ce petit prétentieux.

Cajoline s’adossa les bras croisés, le sourire aux lèvres contre le
mur de la maison et attendit de voir ce que l’attroupement allait
devenir après sa visite chez Kaelle.

Pendant ce
temps, Clora attendait dans la boutique, de plus en plus mal à l'aise
parmi les saucisses et les têtes de veau. Elle se sentait si mal
qu'elle n'entendit pas l'altercation à l'extérieur, pas plus qu'elle ne
prêta attention à l'araignée qui courait sur ses vêtements... du moins,
jusqu'à ce que celle-ci ne se mît à explorer son cou. Alors prise de
panique, la petite fille sortit en trombe de la boucherie en hurlant.

Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Au secours !

Elle s'arrêta devant tous les
enfants, puis reprit son souffle sous les regards étonnés de ses
camarades. La petite araignée se laissa tomber par terre, cessant de
chatouiller la petite fille.

Je... Je suis désolée, je...

Flûte alors, elle allait passer pour
une froussarde et les garçons allaient se moquer d'elle. Tant pis, elle
devait retourner dans la boutique, même si le cochon rigolard lui
fichait de plus en plus la trouille.

Clora se retourna et fonça tête baissée dans la boutique, avant d'appeler à nouveau le bourgmestre.

Madame Kaelle ? Où vous êtes ? Houhou !

Poupoule
passait dans les parages et vit un attroupement d'enfants devant la
boucherie de Kaelle. Elle les regarda d'un air attendri et pensa à son
garçon.

Ah ! S'il était là, il jouerait avec eux.

Soudain un grand garçon à cheval vint
les insulter sans raison apparente. Elle hocha la tête et soupira
devant ce spectacle répugnant. Comment un fils de noble, ou de
bourgeois, pouvait-il montrer autant de mépris ? A part être le T.T.T,
et encore, car celui-ci était sensible aux gens d'esprit, même s'il ne
le montrait pas toujours. Cependant, le garçon à cheval ne semblait pas
enclin à déclencher une bagarre, car il s'éloigna rapidement sous les
quolibets des enfants. Poupoule ne put s'empêcher de sourire. Ah ! Si
c'était son garçon, il aurait reçu une sacrée déculottée, foi de
Poupoule !

Soudain une petite fille sortit de chez Kaelle en hurlant, puis y
retourna. Quelle mouche avait piqué cette petite ? Intriguée, Poupoule
se dirigea vers la boutique.

Pardon... Pardon... Attention mon lapin !

Un petit garçon manqua de lui marcher
sur les pieds, il s'excusa en rougissant. Elle rit et lui donna une
tape sur la joue. Puis, elle entra dans la boutique et entendit la
petite fille appeler Kaelle.

Madame Kaelle ? Où vous êtes ? Houhou !

Poupoule dit alors :

Tu cherches Kaelle mon ange ? Tu sais, elle est peut-être à la mairie, tout simplement !
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Ce jour là,
Kaelle avait décidé de prendre un peu de repos. Elle était rentrée chez
elle tôt, les affaires de la mairie bouclée. La jeune femme avait
travaillé un peu dans sa boucherie avant de monter à l'étage faire une
sieste.

Alors qu'elle dormait profondément, elle entendit une voix l'appeler mais ne réagit pas de suite pensant d'abord rêver.

Madame Kaelle ? Où vous êtes ? Houhou !

Cette fois elle en était sure on l'appelait. Doucement elle se leva et descendit les escaliers en criant

J'arrive ! j'arrive minute !

Une première marche, une drôle de
douleur dans le bas ventre. Encore une contraction ... décidément, le
petit donnait des signes pour sortir sans vouloir sortir vraiment.

La jeune femme reprit son souffle, descendit le reste des marches et
poussa la porte qui menait à sa boucherie. Elle découvrit une gamine
accompagnée de Poupoule.

Bonjour bonjour ! que puis je faire pour vous ?

Elle espérait avoir retrouvé des couleurs pour ne pas effrayer son amie et l'enfant.
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(poupoule)

Bom...Crack...IIIIIIIIIng...Pam... Pam... Pam...

Quelqu'un descendait des marches en criant :

J'arrive ! J'arrive minute !

Son amie était donc là. Poupoule se sentit soulagée quand elle vit
Kaelle... mais elle s'inquiéta quand elle la vit si pâle. Cependant,
elle ne dit rien, de peur d'effrayer la petite fille.

Bonjour bonjour ! que puis je faire pour vous ?

Poupoule se mit à rire.

Oh moi ! Je n'ai besoin de rien. J'ai
vu un attroupement devant ta boutique, et cette petite qui entrait et
sortait m'intriguait. Apparemment, c'est cette enfant qui a besoin de
toi.

Poupoule dévisagea la petite et l'encouragea d'un regard à parler.

(kaelle)

D'un air
amusé, la jeune femme regarda les enfants dehors qui se dandinaient
d'un pied sur l'autre l'air inquiet. Elle leur sourit, puis se tourna
vers la fillette devant elle en se demandant son bébé ressemblerait un
jour à un de ceux là.

Alors jeune fille que veux tu ?

Pour l'encourager, elle sortit une brioche de derrière le comptoir et lui tendit.

(clora)

La dame à la
grande coiffe ridicule avait commencé à parler à sa place. Comme
d'habitude, les grands voulaient toujours parler pour elle, alors
qu'elle avait une langue et qu'elle était capable de parler.

"La bonne femme était là par curiosité, pas pour autre chose. Qu'elle se taise !"

La bourgmestre au gros bidon lui tendit alors une brioche, sortie
d'on-ne-sait-où - de son bidon, peut-être ? Après tout, la mère de
Clora, qui trouvait que le papa avait pris du ventre, lui avait un jour
dit qu'il avait la maladie du boulanger - et l'encouragea à parler. La
petite fille se méfia. Ne lui avait-on pas dit que la bourgmetre
faisait des choses terribles aux enfants. Qui sait si elle
n'engraissait pas les petits-enfants avant de les manger - d'où son
gros bidon - ? Mais la femme à la coiffe ne semblait pas effrayée, et
après tout, elle avait une petite fille. Reprenant courage, la petite
osa enfin demander d'une petite voix :

Voilà, m'dame Kaelle, c'est qu'en fait, les copains et moi... on veut
s'amuser. On en a marre des fêtes pour les grands, et pis, comme nos
mamans elles veulent pas qu'on boive de la bière, on peut pas venir et
on est toujours obligés de se coucher de bonne heure. Les copains et
moi, on voudrait s'amuser, mais... on n'a pas d'idées, et il paraît,
que vous avez toujours des bonnes idées... Z'auriez pas une idée, là,
pour qu'on s'amuse ?

(kaelle)

Voilà,
m'dame Kaelle, c'est qu'en fait, les copains et moi... on veut
s'amuser. On en a marre des fêtes pour les grands, et pis, comme nos
mamans elles veulent pas qu'on boive de la bière, on peut pas venir et
on est toujours obligés de se coucher de bonne heure. Les copains et
moi, on voudrait s'amuser, mais... on n'a pas d'idées, et il paraît,
que vous avez toujours des bonnes idées... Z'auriez pas une idée, là,
pour qu'on s'amuse ?

Kaelle écouta la fillette et eut envie de rire, mais elle se retint.

Dis à tes amis d'entrer on va y
réfléchir ensembles j'ai du lait au miel dans la cuisine si vous
voulez. J'ai peut être bien une idée, quelque chose qu'on faisait quand
on était petits mon frère et moi. Nous serons bientôt à la Toussaint et
... c'est une ancienne coutume.

Un air de terreur passa dans le regard de la petite fille.

Ne t'en fais pas vous ne risquez rien chez moi. Allez venez !

Elle regarda la fillette sortir et sourit puis se tourna vers Poupoule.

Il était temps qu'elle sorte. Il faut que je m'asseye moi... Je crois que le bébé ne va pas tarder à venir.

Poupoule regarda son amie d'un air inquiet.

Hé bien ! J'espère que ça va pas tarder, c'est que j'ai envie de le voir, ce bout de chou.

La bourgeoise soupira, soudain perdue dans ses pensées. Elle reprit cependant en souriant :

C'est que, vois-tu, je vais bientôt
partir en voyage, en l'abbaye de Tastevin. J'ai déjà mes baluchons de
prêts, je n'ai plus qu'à prendre mon bâton et y aller. Il y a... il y a
tellement de choses que j'aurais aimé encore faire ici, mais tant de
choses ont changé... Les gens ont changé, j'ai changé, et puis, je vis
encore dans le rêve des débuts de l'Indépendance. Je ne suis plus aussi
bien ici qu'autrefois. Je suis juste un peu triste de savoir que ma
fille grandira sans son père. Je... Le voyage vers Tastevin sera sans
doute sans retour. Je ne peux plus continuer ici et... Oh ! Excuse-moi
ma belle, je t'ennuie avec mes problèmes, alors que tu t'apprêtes à
vivre le plus beau moment de ta vie. Laisse-moi préparer les draps
propres, veux-tu ? Je serai honorée de t'aider, si tu acceptes mon aide.

Kaelle grimaça
en écoutant Poupoule, une nouvelle amie partait... pour toujours. Ainsi
allait sa vie... elle perdait ses amies et restait là malgré tout.
Espérant retrouver une Dunkerque qui n'était plus.

Oh ! Excuse-moi ma belle, je t'ennuie
avec mes problèmes, alors que tu t'apprêtes à vivre le plus beau moment
de ta vie. Laisse-moi préparer les draps propres, veux-tu ? Je serai
honorée de t'aider, si tu acceptes mon aide.

Une nouvelle contraction plus importante que les autres se fit sentir.
La jeune femme se sentit pâlir un peu plus si c'était encore possible.
Elle étouffa un cri de douleur.

Tu ne m'ennuie pas ma Poupoule, si on
peut pas se raconter nos soucis entre amies où va-t-on ? J'espère que
ton voyage se passera bien et ... Et ... c'est volontiers que j'accepte
ton aide je crois que ... c'est le moment.

Une nouvelle contraction lui coupa le souffle.

(suite au cochon rieur sur la halle de dunkerque)